Rescapée de l’enfer après un départ catastrophique, la Squadra Azzurra est parvenue à sortir de ce fameux groupe C. C’est donc elle qui poursuit sa route vers les quarts, aux côtés d’une Hollande toujours aussi fringante. Et le hasard pourrait bien nous offrir de savoureuses retrouvailles. Le 26 mai prochain, mais cette fois en demi-finale. Pas dit alors que les Bataves aient la partie aussi facile que la première fois…

Côté français, cette ultime défaite vient clôturer une campagne désastreuse. Au niveau du jeu comme de la gestion des hommes. Jamais en ce début d’été pluvieux, on n’a senti l’émergence d’un vrai groupe. D’une force collective tournée vers un même objectif. Et encore moins le plaisir de jouer ensemble. D’abord parce que ce sont souvent les victoires qui les façonnent (il n’y a qu’à voir les Pays-Bas, maîtres en matière d’embrouilles internes et aujourd’hui soudés comme jamais). Mais surtout car l’amalgame entre des leaders pas au mieux physiquement et une jeunesse arrogante et désireuse de se mettre en valeur n’a jamais fonctionné. Pire encore, les choix discutables de Domenech ont généré des tensions, palpables jusque sur le terrain.

Malgré ses individualités, ces Bleus pâles ne seront donc jamais parvenus à hausser leur niveau de jeu. Et pourtant, jusqu’au bout on a cru qu’ils allaient s’en sortir. In extremis, comme en 2006. Avant de connaître la même montée en puissance, progressive, jusqu’en finale. Mais l’Italie n’est pas le Togo… Et les héros de 2006 (qui étaient d’ailleurs souvent ceux de 2000) sont comme tout le monde : ils n’échappent pas au temps qui passe. Une lapalissade qui n’a jamais semblé aussi vraie que durant cet Euro.

Faut-il d’ailleurs y voir un signe : à l’inverse de ses illustres aînées qui semblaient portées par la baraka même dans les moments de doute, la France 2008 a vu s’abattre sur elle une cascade de coups du sort. Le plus important d’entre tous étant la blessure de Franck Ribéry après moins de dix minutes de jeu. Dix petites minutes durant lesquelles les Bleus purent croire en leur bonne étoile, portés par l’enthousiasme du meneur bavarois. Sans leur dynamiteur, ils retombèrent dans leurs approximations, notamment défensives. Les nouveaux venus (Clerc et Abidal) n’ont pas fait mieux que leurs prédécesseurs, et même pire en ce qui concerne le Barcelonais, carrément débordé par la puissance de Luca Toni. Une agonie qui prit prématurément fin à la 24ème minute pour une faute dans la surface. Comme il est de coutume désormais, Mr. Michel appliqua la règle : pénalty + carton rouge. Une double peine trop sévère tant elle interdit tout espoir de retour.
 
Pour autant, dans ce cercle vicieux, les Français ont aussi montré qu’ils ne manquaient pas de cœur. Ils tentèrent ainsi de surmonter l’évidence, avec en têtes de proue un Toulalan au four et au moulin et un duo Henry-Benzema qui a pesé pour 3. En vain. Comme un ultime signe du destin, c’est sur un coup franc… contré que De Rossi doublait la mise. Expédiant les Italiens en ¼ et les Français dans l’avion du retour.

Les Bleus se retrouvent donc à un vrai tournant. Il va falloir faire -définitivement- le deuil d’une génération exceptionnelle et reconstruire. Avec de nouveaux joueurs c’est une certitude, et sans doute aussi un nouveau général en chef. Candidat déclaré, Didier Deschamps apparaît sans doute comme le choix le plus crédible à la succession de "Coach Ray". Mais au vu de ses derniers propos, rien n’indique que le maître des lieux ait envie de quitter le navire. A défaut de jeu, voilà qui nous promet un bel été politique !

Jà-Phi